Résumé |
Les usages sociaux des groupes de travail au Sénégal : facteurs d'égalisation des chances scolaires. Les groupes de travail, objet d'étude de cette thèse font partie des principaux animateurs informels de la vie scolaire au Sénégal. Alors qu'ils sont au cœur des activités de sociabilité scolaire observées dans l'enseignement secondaire, ils n'ont fait l'objet d'aucune analyse sociologique. Force est pourtant de reconnaître qu'au fil des années, ils sont devenus des espaces concurrents et alternatifs à la transmission officielle des contenus d'enseignement face à l'incapacité de plus en plus croissante de l'école à assurer cette mission essentielle d'encadrement des élèves. Les enquêtes qualitative et quantitative effectuées auprès de 110 groupes de travail montrent que ces derniers sont un espace d'activation des pratiques sexuées. Deux modèles de socialisation introverti et extraverti régulent les activités sociales et les projets scolaires et professionnels des élèves. Le modèle que nous appellerons " introverti " pousse les filles à faire un usage limité des activités de sociabilité scolaire et à privilégier leur projet matrimonial et les formations de courte durée ; tout le contraire du modèle extraverti qui incline les garçons à construire un projet scolaire et professionnel solide. Ce travail de thèse interroge par ailleurs les transformations en cours, dans les modes de sociabilité sénégalaise, qui s'expliquent en partie par l'accès des femmes aux secteurs modernes de l'emploi. Cette présence féminine sur le marché de l'emploi n'a pas forcément entraîné une renégociation des rapports parentaux. L'étude du rôle des groupes de travail dans la réussite scolaire des élèves montre que les groupes sociaux défavorisés tirent un grand bénéfice des activités de sociabilité scolaire, par l'accès à un espace social favorable à la création de vocations scolaire et professionnelle. |