Inventaire d'enquêtes Demostaf

Dans quelle mesure les « ménages » des recensements nationaux permettent-ils de décrire l’environnement familial des enfants en milieu rural africain ? Correspondent-ils aux unités familiales auxquelles les individus s’identifient ? Nous examinons ces questions à l’échelle d’une population rurale du Mali, objet d’un suivi démographique depuis 25 ans (projet Slam, Ined). Le corpus utilisé apparie, sur la période 1987-2009, les données individuelles de 3 recensements nationaux et de 5 recensements locaux (N≈28000 observations indiv/rec). Il permet de comparer trois approches, trois « photos » de la réalité familiale: d’une part, les « ménages » des recensements nationaux, et d’autre part, les unités économiques familiales et les unités résidentielles saisies par les recensements locaux. Les statistiques sur les « ménages » s’avèrent peu convaincantes ; elles échouent à décrire les unités économiques familiales tout comme les unités résidentielles. Plutôt que de traduire la complexité des espaces de vie des enfants, elles en transmettent une représentation normalisée et simplifiée construite autour de la famille nucléaire. Des pratiques et configurations familiales fréquentes mais qui s’éloignent du modèle nucléaire (non-cohabitation fréquente entre enfants et parents, arrangements résidentiels particuliers à l’adolescence) sont largement invisibles des statistiques censitaires, tandis que les individus qui ne se situent pas dans des configurations familiales attendues ont un plus grand risque d’être omis.